Ces céréaliers qui jouent avec les prix

céréalierCes céréaliers qui jouent avec les prix. Plusieurs dizaines de milliers de tonnes de maïs de la récolte 2007 sont encore stockées dans des silos de coopérative ou chez des négociants. Sans que ceux-ci puissent les utiliser pour alimenter les marchés.

Placé en dépôt-vente, ce maïs reste la propriété du producteur qui, seul, peut décider de sa libération.Cette situation agace et a été dénoncée dernièrement à Pau-Montardon, lors d’une session de la Chambre régionale d’agriculture.


« Le moment est venu pour ceux qui ont stocké en jouant à la hausse de mettre la marchandise sur le marché » : tel fut le message lancé à cette occasion, en présence de Christophe Terrain, président de l’AGPM (Association générale des producteurs de maïs).

« Ce qui se passe nous pose un vrai problème », explique Michel Prugue, président de Maïsadour. « Si l’agriculteur veut être cohérent, il ne faut pas qu’il oublie qu’il y a des marchés derrière. S’il ne vend pas, on n’aura pas les volumes nécessaires pour réaliser les transactions. »

Afin de satisfaire les marchés, le cas s’est déjà produit où certains établissements ont dû acheter ailleurs de la marchandise, afin de pallier le manque de celle immobilisée chez eux !

Paradoxal. Christian Pèes, le président d’Euralis, est sur la même ligne que son collègue Michel Prugue : « On arrive à ce paradoxe où la France se retrouve avec des stocks de maïs alors que le monde en manque ! L’agriculteur peut, certes, faire ce qu’il veut, mais nous en appelons à son intelligence dans le sens d’un arbitrage pérenne à moyen et à long terme. C’est tentant de jouer mais, au bout du compte, il faut quand même libérer? avec le risque de faire plonger les prix. »

Deux fois plus qu’en 2007. De fait, fin mai, on estimait qu’il y avait encore dans les silos aquitains 387 000 tonnes de céréales, principalement du maïs, stockées en dépôt-vente chez les négociants et organismes collecteurs. Soit un volume deux fois plus élevé que l’an dernier à la même époque.

Même si la situation a sensiblement évolué, ces dernières semaines, le niveau restait encore très élevé fin juin (les états sont établis au mois le mois). « Ça sort un peu mais pas beaucoup », dit-on dans le jargon.

Pourtant, « le marché mondial du maïs risque d’exploser », explique Bernard Delorme, directeur de l’Office national interprofessionnel des grandes cultures (ONIGC) à Bordeaux. Il voit plusieurs raisons à cela.

Tout d’abord, les États-Unis, premiers producteurs mondiaux, vont baisser leurs exportations du fait de la part importante et grandissante du maïs qu’ils consacrent à la fabrication de l’éthanol pour le carburant. Du fait, également, de manière plus conjoncturelle, des inondations qui ont récemment frappé l’Iowa.

« Ce qui se passe dans l’Etat américain de l’Iowa devrait profiter aux Sud-Américains », estime Bernard Delorme. Du coup, ceux-ci lorgneraient moins sur la péninsule Ibérique. Des marchés espagnols et portugais qu’ils avaient bien pénétrés, notamment avec le maïs OGM, au détriment des Français et notamment ceux du Sud-Ouest, seraient donc « à reconquérir ».

Hongrois et Roumains. Mais c’est là que le bât blesse. Selon Bernard Delorme, les producteurs français et de la région ont affaire à forte partie avec les pays de l’Est, Hongrie et Roumanie notamment. D’autant plus, précise-t-il, que ces pays « ont désormais résolu en partie les problèmes de logistique qui les avaient longtemps freinés ».
Dès lors, commente le directeur bordelais de l’ONIGC, « quand on est en concurrence et qu’il existe des possibilités de débouchés, il faut les prendre. Ce n’est plus une question de prix ». Ce sentiment est partagé par son collègue toulousain Bernard Oliet. En Midi-Pyrénées, le stock des dépôts-ventes s’élevait à 92 000 tonnes au 31 mai. « Des agriculteurs ont freiné les livraisons en espérant bénéficier d’une hausse continue des cours. Mais il faut aussi gérer les parts de marché, savoir être professionnel », dit-il.

En Poitou-Charentes, la situation semble moins tendue, selon le directeur régional de l’ONIGC, Patrick Baudouin, qui ne cite pas de chiffres : « C’était vrai en mars-avril mais, depuis, on a assisté à un retour à la normale. De plus, il faut aussi prendre en compte le fait que la récolte 2007 a été plus abondante que la précédente. Il n’est donc pas totalement surprenant que les volumes stockés soient supérieurs à ce qu’ils étaient l’an dernier. »

L’Aquitaine, première région maïsicole de France, produit environ 2,5 millions de tonnes de maïs par an, le Midi-Pyrénées environ 960 000 tonnes, et le Poitou-Charentes environ 1,5 million.
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