Vigilance au sommet

Dans le poste de secours, la radio émet un signal de recherche. Un petit garçon de 12 ans vient de se perdre sur la plage. Jean-Noël Garrelou, chef du poste, ne s’affole pas et communique ses ordres par radio. Habitué de ce genre de situations, il les gère avec beaucoup de sérénité. À la tête d’une équipe de six sauveteurs, Jean-Noël entame sa huitième saison.Loin des éternels clichés sur ces hommes et femmes qui sauvent des vies à tour de bras et qui adorent s’enorgueillir de leur métier, les sauveteurs en mer travaillent sans compter. Tous les jours, ce sont plus de 3 000 de baigneurs qu’ils doivent surveiller sur la plage de Grand-Village.

« Beaucoup de bobologie ». Les sauveteurs n’ont pas moins de 4,5 km de plage à couvrir. Sur cette distance, ils ne sont responsables qu’à l’intérieur de la zone de baignade autorisée (matérialisée par deux drapeaux bleus). Mais pas question pour autant de papillonner à droite et à gauche ou de rester perché sur la chaise haute en jetant, de temps à autre, un coup de jumelles pour voir si tout va bien. Sur le qui-vive en permanence, les sauveteurs n’arrêtent pas de la journée.
« On traite principalement des cas de bobologie, explique Jean-Noël. De simples brûlures aux traumatismes en passant par des coupures et des malaises. Les noyades ne sont, heureusement, pas si fréquentes que l’on peut l’imaginer. Un brin ironique, il poursuit : il ne faut pas croire que c’est ”Alerte à Malibu” tous les jours ! ».

Sauveteur mais pas flic. À mi-chemin entre la prévention et la répression, les sauveteurs sont parfois obligés de jouer du sifflet pour assurer la sécurité des baigneurs. « Mon but n’est pas de jouer au flic, explique Jean-Noël. Il faut essayer de trouver un juste milieu entre le respect des consignes de sécurité et une certaine indulgence pour les gens qui sont en vacances ».
En poste depuis huit saisons, Jean-Noël Garrelou note des comportements bien différents chez les touristes en fonction de la période de fréquentation. Concrètement, il constate que « les aoûtiens prennent plus leur aise sur la plage. Ils imaginent la mer comme une piscine géante et font un peu ce qui leur chante ».
Entre plusieurs appels radio, Pascal Berteau arrive avec sa fille. Manon, en pleurs, s’est coincé un grain de sable dans l’oeil. Clément Oble, sauveteur depuis trois ans, prend le temps de lui retirer soigneusement. « C’est rassurant de les savoir là », déclare M. Berteau qui remercie chaleureusement les sauveteurs. Mais ce genre d’attentions n’arrive plus très souvent. Et c’est justement sur ce point que le bât blesse. Jean-Noël regrette que « le métier ne soit pas reconnu à sa juste valeur ». À ses côtés, Maxime Chêne, sauveteur depuis six ans, renchérit : « Les gens viennent sur la plage pour consommer. Ils nous considèrent comme de simples commerçants alors qu’on est là pour assurer leur sécurité? ».
Si on ajoute à ça la pression qui pèse sur leurs épaules, « c’est une véritable épée de Damoclès qui est constamment figée au-dessus de nos têtes », constate Jean-Noël Garrelou. Les doléances mises de côté, la passion reprend vite le dessus. Toute l’année, l’équipe des sauveteurs de Grand-Village attend ces deux mois d’été avec impatience. Source

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