Madame Engerer

A24 ans, la jeune violoniste Fanny Clamagirand, sans en faire une fixation, s’interroge déjà. Gardera-t-elle « la même fraîcheur et la même motivation » quand elle aura joué dans sa carrière vingt ou trente fois la même œuvre. « Mon Dieu, mais il ne faut pas qu’elle ait peur de cela », prévient Brigitte Engerer. « Plus on joue une pièce et plus on l’aime parce qu’on l’interprète à chaque fois différemment. »

Tendre vers le meilleur. L’enthousiasme, Brigitte Engerer l’a chevillé au corps. « Chaque journée est différente de la précédente. Chaque concert est différent, parce qu’à chaque fois, je veux que ce soit mieux. » D’une grande dame, on ne donne pas l’âge, mais des concerts « différents », Brigitte Engerer en a donné des dizaines, des centaines même, à travers le monde entier, s’adaptant à chaque fois « à l’orchestre, à l’acoustique de la salle, au piano sur lequel je dois jouer, à l’humidité si je joue en exté rieur ».»
Plus vite, plus vite, plus vite… Hier soir, lors de sa première répétition avec l’orchestre du Violon, Brigitte Engerer a voulu donner un tempo élevé à l’interprétation d’ensemble du final du concerto pour piano n° 1 de Tchaïkovsky. « Evidemment, lorsque j’aborde une œuvre, j’ai à l’esprit un idéal d’interprétation », une manière de la jouer renouvelée à chaque récital, comme pour mieux la sublimer.

«Une idée belle et unique». Brigitte Engerer a d’autant plus à cœur de magnifier les compositeurs dont elle revisite du bout des doigts les répertoires qu’elle les choisit. « Je ne joue pas autre chose que les œuvres de mes chouchous. D’ailleurs, je suis incapable d’apprendre des œuvres que je n’aime pas. J’ai un mal fou », confesse la pianiste. Lorsqu’on donne son premier récital à l’âge de 6 ans, le talent est évident. Ce talent a rapidement affranchi Brigitte Engerer des contraintes. Très tôt, elle a pu dire non si on lui proposait d’autres pièces que celle de Schuman, Liszt, Chopin, Rachmaninov, Tchaïkovsky. « Ah, Tchaïkovsky, un de mes grands amours. »
Brigitte Engerer, star mondiale, pur produit du monde de la musique ? Oui et non. La preuve, elle a accepté l’invitation d’Un Violon sur le sable, encore regardé de haut par quelques plumes bien pensantes de la presse spécialisée. « J’ai accepté parce que j’ai trouvé l’idée de ce concert sur la plage belle, amusante et unique, du moins en France. J’ai déjà joué devant 15 000 personnes, en plein air, au Hollywood Bowl de Los Angeles. En France, il faudrait que de tels concerts existent dans chaque salle, sur chaque plage, dans chaque ville. Les musiciens classiques se plaignent d’être enfermés dans un ghetto. Pour une fois, on va au devant de gens à qui la musique classique fait peur, parce qu’on leur fait croire qu’il faut avoir fait des études pour comprendre cette musique. Mais la musique classique touche tout le monde. C’est la langue de l’amour, la langue de l’espoir, de la vie. »
La musique de sa vie, en tout cas, qu’elle jouera ce soir devant et pour des milliers d’auditeurs, connaisseurs ou non. Source

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