Le fleuve le plus pollué de France, La Charente. Le bonnet d’âne, ni plus ni moins. Avec 6,52 microgrammes de pesticides par litre d’eau, le fleuve Charente est considéré comme le plus pollué de France, dans le tronçon compris entre le confluent des Eaux-Claires et celui du Né, soit grosso modo entre Angoulême et Cognac. Le chiffre est éloquent : trois fois supérieur au deuxième cancre de la classe aquatique, la Sèvre nantaise (2,86 µg/l).
À noter qu’au-dessus du seuil de 5 µg/l, l’eau est considérée comme non potable, même après traitement.
Réalisée par les agences de l’eau pour le ministère de l’Écologie, cette cartographie met également en évidence la pollution des nappes phréatiques.
Et là encore, le secteur du bassin de la Charente figure en rouge sur la carte de France, dépassant la norme de 0,5 µg/l fixée par la Directive-cadre sur l’eau (DCE).
Et s’il n’y avait que l’eau. Mais l’agence Atmo, qui mesure la qualité de l’air en Poitou-Charentes, a aussi montré, lors d’une étude comparative menée en 2012, que les quantités de molécules de fongicides en suspension dans l’air sont, en moyenne, 18 fois supérieures au coeur du petit village viticole de Juillac-le-Coq, près de Cognac, qu’au centre de Poitiers.
Notamment au cours de l’été, où les traitements s’avèrent les plus importants. Les viticulteurs de Juillac-le-Coq avaient participé activement à la lutte contre la flavescence dorée.
L’agence Atmo notait également la présence de six molécules interdites d’utilisation, dont un insecticide, le Lindane, sorti du marché depuis 1998. Ceci prouvant la puissante rémanence de ces produits.
Des chiffres à mettre en corrélation avec l’étude écologique réalisée au Centre hospitalier universitaire de Poitiers en 2011, qui montre «une surmortalité significative de la population habitant dans les vignobles de 29 % pour la maladie de Parkinson et de 19 % pour les lymphomes». Les premières victimes des pesticides sont ceux qui les utilisent : les viticulteurs. Les pollueurs sont devenu les tués !
Et c’est bien de Charente qu’est partie l’association nationale Phyto-victimes, qui a brandi l’étendard de la révolte contre le «tout-pesticide» qui tue.
Frédéric Ferrand, Yannick Chenet, tous deux viticulteurs saintongeais, ont payé le prix fort : ils en sont morts. L’Agence nationale de sécurité sanitaire a mené une étude entre 2001 et 2005.
Et qui paie la redevance sur le traitement de l’eau ? Les citoyens pour 80 %. L’agriculture ne cotise qu’à hauteur de 5 à 6 %. Cherchez l’erreur », poursuit Patrick Picaud, coordinateur de l’association Nature environnement 17.
Article de www.lacharentemaritime.info